Formation et Conception

Monnaie faible ou monnaie forte

 

Contexte

 

Nous allons placer le débat dans le contexte de l'Euro puisque ce dernier offre un exemple de situation, mais bien sûr ce débat pourrait concerner n'importe quelle monnaie flottante.

 

Rappelons que les monnaies des pays en voie de développement sont à parité fixe décidée par le gouvernement émetteur lui même et qu'elles n'ont pas le choix de flotter sauf à conduire ces pays à la ruine.

 

Historiquement, à la création de l'Euro (1999), les allemands ont exigé, dans la lignée de feu le Deutsch Mark, que l'euro soit une monnaie forte.

 

Récemment et pour sortir de la crise de 2009 qui s'éternisait en Europe, la BCE a agit sur les marchés pour favoriser la dépréciation de l'Euro et ceci contre la volonté allemande.

 

 

 

1 - Les éléments du débats

 

 

1 - Intérêts d'une monnaie forte

 

Une monnaie forte permet de payer moins cher l'ensemble de nos importations (une parité élevée de notre monnaie nous amène à sortir moins d'argent pour acheter un produit vendu dans une autre monnaie). Ainsi dans l'hypothèse, ce qui est le cas en zone euro, d'un pays ne possédant peu ou pas de ressources énergétiques, l'achat est moins coûteux et donc le fonctionnement de l'économie national est moins tributaire des cours de ces matières premières. De ce fait, la balance commerciale porte moins de débit et la réserve de changes se démunie moins en devises (surtout le dollar). Le pays en question est donc moins tributaire de la politique monétaire des USA.

 

 

2 - Intérêts d'une monnaie faible

 

Une monnaie faible permet d'exporter plus facilement puisque nos exportations valent moins pour le reste du monde. Si d'aventure, ce qui est le cas de la zone euro, nos coûts de production sont élevés par comparaison avec d'autres pays, nous avons intérêts à baisser nos prix de vente et donc la valeur de notre monnaie, afin de ne pas trop impacter la marge des entreprises et ruiner notre économie.

 

Cette présentation rapide supporte un regard plus approfondi, sinon comment expliquer que les Allemands se sont tant battus pour un euro fort ?

 

3 - La notion de temps

 

Pour exporter, il ne suffit pas de vendre peu cher, sauf les produits à faible valeur ajoutée et encore pas sur la durée. Ainsi les japonais qui ont commencé à exporter en vendant du pas cher de mauvaise qualité (cela va souvent ensemble) ont vu s'établir à leur encontre une mauvaise image commerciale. Ils ont donc fait un effort considérable pour passer à la qualité. Les chinois qui ont imité le processus japonais pour lancer leur économie sont maintenant dans la situation où ils doivent corriger leur image commerciale.

 

Donc, même pour du bas de gamme, on ne peut faire durablement dans la mauvaise qualité.

 

Ce qui signifie qu'à contrario, pour des produits à forte valeur ajoutée il faut de la qualité. Rappelons à ce sujet, que pour vendre sur le territoire national, il faut être bon, mais pour vendre à l'international, il faut être excellent.

 

Ajoutons que si je vends plus cher en raison de mes coût salariaux (cas de la zone euro par rapport à la zone Asie), je dois vendre un produit à forte valeur ajoutée, si possible  dont je suis seul à avoir le niveau de savoir faire ou de qualité afin d'installer une image de commerciale de haut de gamme ou d'être indispensable en raison de l'incompétence des autres pays sur ce produit.

 

Conséquences : les entreprises de la zone euro doivent produire des produits à forte valeur ajoutée ou d'excellente qualité.

 

Il faut du temps pour réussir cet exploit, mais une fois la réussite installée, l'exportateur possède un avantage concurrentiel indéniable.

 

 

 

2 - Notre avis

 

 

Si un pays ou une zone économique voit ses exportations  baisser, la solution la plus rapide (à court terme) réside dans la dépréciation de sa monnaie. Mais chemin faisant, on donne aux entreprises une solution de facilité qui ne les oblige pas à un effort de production de qualité à forte valeur ajoutée*.

 

Cette solution ne peut être durable dans le temps. En effet, comme nous l'avons souligné, une monnaie faible entraîne une forte dépendance aux importations, phénomène d'autant plus grave s'il s'agit de ressources énergétiques (rappelons que le prix du pétrole entre dans tous les prix de produits). Dans ce cas la balance des paiements n'est pas maîtrisée et la valeur de la monnaie ne cesse de se déprécier (cas de la France avant l'euro).

 

Une fois encore, mais c'est souvent la règle, le problème se résout en passant par la porte étroite : Accepter une baisse à court terme de la monnaie pour faire face à une situation d'urgence et parallèlement exiger des entreprises qu'elles s'engagent à élever la qualité de leur production à l'international (les aider si besoin par la recherche fondamentale (université) et l'aide à la recherche appliquée (entreprises). Dans un second temps retour à une monnaie forte pour se libérer des politiques monétaires étrangères (dont américaine) et si besoin continuer à soutenir fiscalement les entreprises exportatrices.

 

Apportons, une précision que l'économiste Mendell avait souligné dans le cadre de son triangle des incompatibilités :

 

Une politique de dévaluation de la monnaie nationale ne fonctionne pas : En effet, les autres états ne sont pas immobiles si vous baissez la valeur de votre monnaie. Ils peuvent en faire autant et annuler ainsi les effets de votre opération.

 

Notre avis : A long terme, la seule porte de sortie est une monnaie forte. Ajoutons que dans le cadre de l'euro cette dernière est une monnaie de réserve pouvant servir à atténuer les effets de la politique américaine liée au  dollar.

 

 

3 - La production européenne et la notion de valeur ajoutée

 

On distingue traditionnellement la forte valeur ajoutée d'un produit (production nécessitant un haut niveau de connaissance ou de savoir faire) de la faible valeur ajoutée (production simple, facile à apprendre et à mettre en œuvre).Le développement de l'économie mondiale amène les pays en développement à d'abord produire des articles à faible valeur ajoutée (des chemises, plutôt que des ordinateurs), en attendant que la population maîtrise un savoir-faire (mélange de scolarité et d'expérience). Ceci, et c'est une nouveauté , condamne les pays développés à cultiver uniquement les produits à forte valeur ajoutée.

 

Que l'on ne s'y trompe pas, cette notion de valeur ajoutée forte, si elle est indispensable, n'est pas suffisante. Elle doit en effet s'accompagner d'un SAV international, d'une capacité à communiquer et à vendre...

 

Mais c'est encore insuffisant, il faut aussi que l'entreprise nouvelle exportatrice, trouve les fonds pour cette aventure et maintienne ensuite son haut niveau de savoir et de faire savoir et soit financièrement accompagnée. Un exemple en la matière : Apple .  Un contre-exemple avec une entreprise qui construit des voitures qui faisaient rêver : Alfa-Roméo. Ces exemples pour souligner que rien n'est acquis définitivement dans les monde des affaires (Voir Kodak, Général Motors et bien d'autres )

 

Conséquences : Un pays excédentaire sur ses exportations, cela ne se décide pas, cela se construit avec patience et ténacité.